Fever all through the night
Je me suis installée.
La chaise collée à la fenêtre. Le souffle court, mes sens aux aguets, les lèvres closes.
Et j'ai regardé.
Les arbres semblaient effectuer une danse rituelle à leur Dieu Ciel. On entendait la respiration du vent même à travers la vitre. Et puis il y avait ces flashs soudain qui donnaient une dimension apocalyptique au monde devant moi. Comme dans un film d'action où les événements s'enchaînent rapidement, la télé s'animant de flash de lumière gratuits. Mais mon écran n'était pas celui-là. Le mien était l'infini de la nuit.
J'avais une muse absolue devant moi, une incroyable matière première, l'essence même de la Lumière. Eclair qui s'invite sans préavis dans le ciel qui prend feu. Nuages qui s'interpellent et en viennent même parfois aux mains : "Non c'est moi que la foudre mettra sous les spotlights". Grondements sourds et qui ne cessent pas, se changeant parfois en brouhaha tonitruant.
Les lumières de la ville formaient un incroyable public : à la fois attentif et silencieux, respectueux et montrant sa gratitude à travers ses milliers d'étoiles qui contribuaient à rendre cet instant grandiose.
Je ne me lassais pas de guetter les éclats furtifs qui me surprenaient toujours quand je ne les attendais pas. Je ne me lassais pas de rester là, sans aucun autre but que d'avaler ce moment de pure beauté, simplement offert, sans intention d'une quelconque contrepartie.
Regarder le ciel s'échauffer, et croire que la Foudre avait le droit de vie sur moi, juste regarder cette lutte entre ces deux côtés antagonistes : le sombre et le lumineux, le noir, et le rouge d'où luttait vainement le soleil, comme un héros de Cervantès contre les moulins à vent.
Le ciel avait la fièvre...
Et quand vient le soir, que le ciel flamboie, le rouge et le noir, ne s'épousent-ils pas ?