Petit village qui s'ennuie. Etrange convivialité que celle-ci. Remarque, nous ne savons pas dans quelles circonstances a été crée ce mot. Peut-être dans celles-là.
Vieux commérages. Extraits choisis de "Qui couche avec qui ?".
"Ah bon elle n'était pas enceinte ?!"
"Oui tout le monde lui est passé dessus, c'est clair."
"On la connaît dans tous les villages d'à côté. Une vraie chienne."
Les pièces détachées de scooters jonchent le sol, la pelouse, le garage, elles ont envahi la maison. Enfin non, ce n'est pas un envahissement puisqu'elles s'accordent parfaitement avec l'aspect délabré de celle-ci. Si vous, vous considérez l'ordinateur pièce centrale de votre maison, eux ne vivraient sans doute pas sans ces bouts de moteur, boulons, pistons éparpillés çà et là comme des grigris porte-bonheur.
La maison semble avoir accueillie des générations et des générations de zonards. Lieux de prédilection des chiens errants du village. Mais elle s'essouffle quelque peu, elle halète, ne semble plus capable de respirer dignement.
C'est ça, exactement ça : dénuée de toute dignité.
Des affiches de différentes campagnes anti-tabac scotchées dans la cuisine. Ironie du sort quand 4/5 des membres de cette famille sont nés avec une clope au bec. Peut-être un moyen pour la mère de montrer qu'elle continue la lutte. Mais affalée sur le canapé devant TF1, elle semble une bien piètre combattante. Elle aussi a finalement renoncé. La maison continue sa progressive décomposition.
Sinistre baraque qui a pourtant été ouverte à ce petit rassemblement. Sans doute plus squat que maison tant les pièces rapportées se sont succédées tout le long du repas. Et pas au sens propre mais figuré. Ok, c'était facile...
Sinistre, abjecte mais probablement la seule qui correspondait à la nature de cette vie intra-muros. Tout le monde connaît tout le monde. Pas le plaisir de la perte d'identité, de la masse.
Villages de province qui se retrouvent dans les mêmes boîtes. Dans les mêmes stations balnéaires. Vie déjà toute tracée, toujours les mêmes itinéraires. You will never get out of this infernal circle.
On étouffe en groupe. Alors on boit à s'en crever le foie. On roule jusqu'à s'envoyer en l'air dans la chute la plus spectaculaire. Celle dont on se rappellera. Celle qui servira peut-être de leçon aux autres marioles. Suicide organisé.
On baise comme des animaux. On teste tous la même, celle qui s'est construit cette image, celle qui s'est perdue depuis bien longtemps. Salope collée sur le front, en rose fluo.
On marche sans cesse sur un frêle fil. On bascule vite, si vite du côté des abysses. Tu y es né et y crèveras si tu as le malheur de vouloir jouer au funambule.
Je vous l'avais dit. Abject. Et pourtant, quand le vice n'est pas poussé jusqu'à son extrême limite, on arrive à rire ensemble.
Certes aidés par la dopamine secrétée par mes neurones, eux-mêmes aidés par quelques whisky-coca...