Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'ai la vie qui m'pique les yeux...
21 juillet 2006

I am not a funambule

benphilippi

Petit village qui s'ennuie. Etrange convivialité que celle-ci. Remarque, nous ne savons pas dans quelles circonstances a été crée ce mot. Peut-être dans celles-là.

Vieux commérages. Extraits choisis de "Qui couche avec qui ?".
"Ah bon elle n'était pas enceinte ?!"
"Oui tout le monde lui est passé dessus, c'est clair."
"On la connaît dans tous les villages d'à côté. Une vraie chienne."

Les pièces détachées de scooters jonchent le sol, la pelouse, le garage, elles ont envahi la maison. Enfin non, ce n'est pas un envahissement puisqu'elles s'accordent parfaitement avec l'aspect délabré de celle-ci. Si vous, vous considérez l'ordinateur pièce centrale de votre maison, eux ne vivraient sans doute pas sans ces bouts de moteur, boulons, pistons éparpillés çà et là comme des grigris porte-bonheur.

La maison semble avoir accueillie des générations et des générations de zonards. Lieux de prédilection des chiens errants du village. Mais elle s'essouffle quelque peu, elle halète, ne semble plus capable de respirer dignement.
C'est ça, exactement ça : dénuée de toute dignité.

Des affiches de différentes campagnes anti-tabac scotchées dans la cuisine. Ironie du sort quand 4/5 des membres de cette famille sont nés avec une clope au bec. Peut-être un moyen pour la mère de montrer qu'elle continue la lutte. Mais affalée sur le canapé devant TF1, elle semble une bien piètre combattante. Elle aussi a finalement renoncé. La maison continue sa progressive décomposition.

Sinistre baraque qui a pourtant été ouverte à ce petit rassemblement. Sans doute plus squat que maison tant les pièces rapportées se sont succédées tout le long du repas. Et pas au sens propre mais figuré. Ok, c'était facile...

Sinistre, abjecte mais probablement la seule qui correspondait à la nature de cette vie intra-muros. Tout le monde connaît tout le monde. Pas le plaisir de la perte d'identité, de la masse.
Villages de province qui se retrouvent dans les mêmes boîtes. Dans les mêmes stations balnéaires. Vie déjà toute tracée, toujours les mêmes itinéraires.
You will never get out of this infernal circle
.

On étouffe en groupe. Alors on boit à s'en crever le foie. On roule jusqu'à s'envoyer en l'air dans la chute la plus spectaculaire. Celle dont on se rappellera. Celle qui servira peut-être de leçon aux autres marioles. Suicide organisé.
On baise comme des animaux. On teste tous la même, celle qui s'est construit cette image, celle qui s'est perdue depuis bien longtemps. Salope collée sur le front, en rose fluo.

On marche sans cesse sur un frêle fil. On bascule vite, si vite du côté des abysses. Tu y es né et y crèveras si tu as le malheur de vouloir jouer au funambule.

Je vous l'avais dit. Abject. Et pourtant, quand le vice n'est pas poussé jusqu'à son extrême limite, on arrive à rire ensemble.

Certes aidés par la dopamine secrétée par mes neurones, eux-mêmes aidés par quelques whisky-coca...

Publicité
Publicité
Commentaires
S
si tu veux relater ici nos histoires de fam. et en plus cracher ton venin des années plus tard libre a toi<br /> je passerai plus ici de toute façon j'ai rien a y foutre
A
et de toute façon, je ne jugeais pas l'inégalité des vies, on en est tous au même point, à chercher la petite étincelle. qu'on soit de ce trou perdu ou de paris. on a pas la même marchandise, enfin si, en plus on a la même. <br /> on tourne en rond ici, mais là bas on aurait aussitôt fait de se refaire un même cercle, et de finir par tourner en rond. <br /> encore une fois, malgré quelques modifs, j'ai laissé presque sans retouches mes phrases écrites en rentrant.<br /> le mépris est mon ami ( et merde!) .
A
c'est vrai, j'ai le ton de celle qui se croît supérieure...<br /> je me crois peut-être meilleure parce que différente, et qui sait, suis-je si différente ? <br /> j'ai pas cherché dans ce texte à expliquer pourquoi cette auto-destruction, je me suis contentée de relater des sentiments et sensations piquées sur le vif ( je ne l'ai pas écrit avec du recul mais juste en rentrant de cette soirée). Mais avec le recul je m'étais effectivement faite que ce post mettait en évidence que je me croyais supérieure aux autres.<br /> Enfin, même si je n'y suis pas clairement inclus (c'est implicite) mais je fais partie de cette vie de village, j'y vis, alors j'ai beau la blâmer, je ne peux pas complément m'en dédouaner.<br /> ce n'était pas une attaque personnelle sur des gens, d'ailleurs je n'ai mis ni prénoms ni lettres suivies d'un point, c'était surtout un blâme des illusions perdues chez les jeunes, et de tout ce qu'il faut ( ne pas ) faire pour mettre un peu de piment dans NOS vies. oulah je m'affole là, je sors les grands mots mais dans l'esprit c'est un peu ça.<br /> et oui j'ai été abjecte, je ne le nie pas. je profite lâchement du fait de la "presque" perte d'identité pour me lâcher. <br /> ok je le fais en public. enfin, c'est une tare humaine que de casser du sucre sur le dos des autres. <br /> et je doute que tu n'aies jamais fait de même, même avec moi.<br /> ce n'est pas une excuse, certes.
S
Le mépris est le propre de l'homme,<br /> Accepter l'inégalité des vies est le sale de l'homme.<br /> <br /> <br /> A méditer.<br /> <br /> <br /> (désolée mais tout ce que je trouve abject ici c'est ton mépris).
L
Exactement ce que j'avais imaginé... Les gens, les lieux, l'ambiance.<br /> On dirait une scène d'un livre ou mieux, d'un film, comme un scénario qu'on lit, on découvre les personnages, les lieux où se posent les mots. Woao !!
J'ai la vie qui m'pique les yeux...
  • "Je suis terriblement avide. Je veux tout de la vie, être une femme et aussi un homme, avoir beaucoup d'amis et aussi la solitude, travailler énormément [...] et aussi m'amuser, voyager, être égoïste et aussi généreuse." S. de Beauvoir
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité