J'arrive
Je voudrais mourir au Large. Sentir une dernière fois l'étrange sensation d'être à la limite entre deux infinis. Au-dessus, le monde réel, le bruit, les Hommes. Au fond, un silence abyssal, des ombres bleues et troubles. Entendre le bruit assourdissant des vagues qui naîssent, du vent qui étreint l'eau et que l'on ne perçoit que par un étrange souffle, comme la respiration confiante et rassurante de tout un monde. Je voudrais une dernière fois me prendre pour une sirène, faire la torpille et fermer les yeux pour apprécier les ondes qui m'effleurent. Juste ressentir ce bien-être une dernière fois.
Ultime naissance. Retour aux bases de la Création, quand nous sommes encore entourés d'or bleu. Retour aux sources : l'absence de conscience, le vide total de l'esprit, vide qui ne retrouvera jamais d'écho une fois la première respiration enclenchée et le premier cri hurlé; à part, lors de ce dernier soupir. Bombardements ininterrompus de bruits, de voix, mais surtout de pensées qui ne cessent d'animer l'esprit pendant chaque moment de notre existence. Y a t-il vraiment un moyen de créer un néant absolu remplaçant les dialogues internes ? Superficiel apaisement, votre conscience sera toujours là, ne la cherchez pas, elle vous trouvera. Elle se dissimulera peut-être quand vous lui demanderez de s'effacer, mais au moindre sentiment d'apaisement, elle ressurgira sauvagement. Indomptable, comme pour nous rappeler que la seule issue reste l'Abandon de nos âmes.
Quand je plongerai, je laisserai l'écume former mon sourire, le sourire du soulagement, de l'accomplissement, de la symbiose avec l'élement qui m'est le plus cher. Est-ce que je pourrais vous demander de ne pas pleurer ce jour là, mais de plutôt boire à moi, aux souvenirs qui vous resteront. Je préfèrerais que vous absorbiez un peu de ce qui me détiendra, plutôt que de vous en délester comme si vous vouliez m'éloigner de vous, emportée dans ces gouttes qui une fois tombées de vos yeux, m'auraient à jamais perdues.